Une histoire de l’Intelligence Émotionnelle dans les situations de travail – A History of Emotional Intelligence in Work Settings

🌀 L’Intelligence Émotionnelle (IE), est un ensemble d’habilités, qui peut aider à traverser des moments fortement émotionnels, ou dans un espace circonscrit par des expériences de vie chargées affectivement. 

💡 Il s’agit notamment de faire face au stress, de maintenir sa motivation au fil du temps, d’établir et de maintenir des relations étroites, ou de s’adapter à des situations en évolution rapide avec des demandes sociales changeantes (Joseph et Newman 2010; Mayer et al., 2016).
✅ A travers une revue historique, mes co-auteurs et moi-même (Rebecca DickasonNeal M. Ashkanasy & David HAMPTON-MUSSEAU, 2021) explorons les origines de l’IE, le contexte théorique double lié à la recherche sur l’émotion et l’intelligence générale, les premiers instruments d’auto-évaluation, l’émergence du modèle des habiletés de l’IE, et l’identification de trois “courants” distincts de recherche en IE.⚙️ Cela nous permet ainsi de dessiner une feuille de route pour l’avenir mais aussi d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche, nécessaires avec les temps difficiles auxquels nous sommes tous inégalement confrontés.✴️ Nous avons l’immense plaisir de présenter nos travaux lors de la conférence internationale Academy of Management 2021 pour une session asynchrone, à partir de ce vendredi 30 juillet 2021.

https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/AMBPP.2021.12470abstract

⏳ Alors que les traces du terme “Intelligence émotionnelle” peuvent être remontées assez loin dans le temps, elle n’existe que depuis 1990 dans son incarnation scientifique moderne. Aussi, les premières références au terme d’intelligence « émotionnelle » (ou « affective ») sont dans des domaines littéraires ou artistiques.

▶️ Par exemple, la romancière britannique Jane Austen (1775-1817), en est une initiatrice, à travers son usage et traitement des affects et des émotions, en lien avec l’intelligence.
Elle a même développé une sorte de modèle d’auto-compréhension plus “humainement crédible”, qui “exige de l’imagination, implique l’entraînement de l’émotion, et implique d’adopter et de modifier une position sociale” (Eldridge, 2019).

🧠 Les pistes que nous proposons proviennent en partie des recherches récentes en neurosciences, mais aussi par des chercheurs adoptant une vision pluridisciplinaire, soutenant plus de transversalité des sciences dites “exactes” vers les sciences humaines et sociales et vice-versa.
Ces collaborations académiques augurent d’une meilleure compréhension de nos affects, en particulier, par des différences ontologiques et épistémologiques.

✅ Des habiletés de granularité émotionnelle (capacité à différencier la spécificité de ses émotions par-delà le simple “plaisir-déplaisir”, Barrett, 2018), par exemple, ou de régulation émotionnelle effective font donc partie intégrante de l’IE.

–> English version below

🌀 Emotional Intelligence (EI) is a set of abilities that can help go through intensely emotional moments or in an emotionally charged space limited by life experiences.

💡 EI includes coping with stress, maintaining motivation over time, establishing and maintaining close relationships, or adapting to rapidly changing situations with changing social demands (Joseph and Newman 2010; Mayer et al. 2016).

✅ Through a historical review, my co-authors and I (Rebecca DickasonNeal M. Ashkanasy & David HAMPTON-MUSSEAU, 2021) explore the origins of EI, the dual theoretical context linked to research on emotion and general intelligence, the first self-assessment instruments, the emergence of the EI ability-model, and the identification of three distinct “streams” of EI research.

⚙️ We, thus, draw a roadmap for the future and open up new avenues of research, essential with the difficult times we are all unequally facing.

✴️ We are so grateful to present our work at the Academy of Management 2021 international conference for an asynchronous session, starting this Friday, July 30, 2021.

#AOM2021

https://2021.aom.org/meetings/virtual/F2vM596dBBxQ2gzTX

Université Toulouse 1 Capitole
Toulouse School of Management
CNRS – Centre national de la recherche scientifique

#intelligenceémotionnelle #history #neurosciences #AOM2021

🧠 The avenues we propose come partly from recent neuroscience research and researchers adopting a multidisciplinary vision, supporting more transversality from the so-called “exact” sciences towards the human and social sciences and vice versa.
Those academic collaborations augur a better understanding of our affects, in particular, through different ontological and epistemological approaches.

✅ Emotional granularity (ability to differentiate the specificity of one’s emotions beyond simple “pleasure-displeasure,” Barrett, 2018), for example, or effective emotional regulation, are therefore an integral part of EI.

REFS :
  • Barrett, L. F. (2018). How Emotions Are Made: The Secret Life of the Brain (6th ed.). Pan Books.
  • Dickason, R., Ashkanasy, N. M., & Hampton-Musseau, D. (2021). A History of Emotional Intelligence in Work Settings. Academy of Management Proceedings, 2021(1), 12470. https://doi.org/10/gmdgvh
  • Eldridge, R. (2019, March 6). Philosopher Richard Eldridge on Imagination, Emotion, and Social Stance in Jane Austen’s Emma. Swarthmore. retrieved on https://www.swarthmore.edu/news-events/philosopher-richard-eldridge-imagination-emotion-and-social-stance-jane-austens-emma
  • Joseph, D. L., & Newman, D. A. (2010). Emotional intelligence: An integrative meta-analysis and cascading model. Journal of Applied Psychology, 95(1), 54–78.
  • Mayer, J. D., Caruso, D. R., & Salovey, P. (2016). The Ability Model of Emotional Intelligence: Principles and Updates. Emotion Review, 8(4), 290–300.

Intelligence Émotionnelle – Le Grand Débat (suite) – Article Dasborough et al. (2021)

#Emotion

🌀 Laissez-moi vous parler d’un article récent de Marie Dasborough et ses collègues (2021) qui vient comme une suite dans le débat scientifique en cours sur l’Intelligence Émotionnelle (IE).
–> Continuing “The Great EI Debate”

✴️ Ce débat controversé avait commencé dès le début du développement de l’IE, dans les années 1990 (Davies et al., 1998).

✅ En réponse à Edwin Locke et Frank Landy, en 2005, Catherine Daus et Neal Ashkanasy avaient écrit deux articles pour expliciter de manière plus transversale les avancées singulières de la recherche sur le cerveau, la cognition, et les émotions et les applications propres au champ de l’IE.

✴️ En 2009, Marie DasboroughNeal M. Ashkanasy et John Antonakis ont aussi longuement discuté leurs approches épistémologique et ontologique, sur l’intérêt de l’IE dans le domaine du leadership, et des sciences organisationnelles en général.

✅ Marie Dasborough et ses co-auteurs (2021) en arrivent à des points d’accord, dont l’intérêt de l’étude des émotions. Les deux parties trouvent utile aussi d’évaluer les éléments du processus émotionnel : la perception, la compréhension, la régulations et l’affichage. Ainsi, le modèle en cascade des émotions (Elfenbein & MacCann, 2017 ; Joseph & Newman, 2010) et d’autres modèles de processus liés aux émotions au travail (Zapf, Kern, Tschan, Holman, & Semmer, 2021) offrent des perspectives probantes de recherche.

🤔 Par ailleurs, des problèmes de validité significatifs existent et sèment la confusion avec deux mesures d’auto-évaluation très populaires : le Bar‐On EQi (Bar‐On & Parker, 2000) et l’instrument développé par Schutte et al. (1998)⚙️

🌐 Ils conviennent donc de la nécessité d’une recherche rigoureuse, et dans la crise scientifique actuelle (de reproducibilité de la science – “replication crisis” ; Berkman & Wilson, 2021 ; Cronin, Stouten & van Knippenberg, 2021 ; Eronen et Bringmann, 2021 ; Shrout et Rogers, 2018 ; Tourish, 2019) les problèmes identifiés pour l’IE ne sont pas propres à son étude, ils doivent permettre d’éclairer la recherche pour de nombreux autres concepts, dans un environnement bien plus large.

🧠 J’ajouterai que les avancées en neurosciences très récentes permettent de comprendre certains aspects essentiels de notre cerveau, comme organe prédictif (inférences bayésiennes : Clark, 2016 ; Friston et al., 2017 ; Smith, Badcock & Friston, 2021) en recherche de l’équilibre (homéostasie), par des perceptions fines internes et externes…

💡 Ainsi notre cerveau est capable de catégoriser les modèles d’expériences sensorielles et socio-culturelles (Hoemann et al., 2020).

🌀 Notre cerveau prédictif est notre plus bel atout et notre plus belle faiblesse…

#EmotionIntelligence #Debate #Affects #intelligenceémotionnelle #neurosciences

Brain
Brain – EI
REFS :
  • Antonakis, J., Ashkanasy, N. M., & Dasborough, M. T. (2009). Does leadership need emotional intelligence? The Leadership Quarterly, 20(2), 247–261.
  • Ashkanasy, N. M., & Daus, C. S. (2005). Rumors of the death of emotional intelligence in organizational behavior are vastly exaggerated. Journal of Organizational Behavior, 26(4), 441–452.
  • Bar-On, R., & Parker, J. D. A. (Eds.). (2000). The handbook of emotional intelligence: Theory, development, assessment, and application at home, school, and in the workplace. Jossey-Bass.
  • Berkman, E. T., & Wilson, S. M. (2021). So Useful as a Good Theory? The Practicality Crisis in (Social) Psychological Theory. Perspectives on Psychological Science, 1745691620969650.
  • Clark A. (2013). Whatever next? Predictive brains, situated agents, and the future of cognitive science, Behavioral and Brain Sciences, 36 (03) 181-204.
  • Clark, A. (2016). Surfing uncertainty: Prediction, action, and the embodied mind. Oxford, England: Oxford University Press.
  • Cronin, M. A., Stouten, J., & van Knippenberg, D. (2021). The theory crisis in management research: Solving the right problem. Academy of Management Review.
  • Dasborough, M. T., Ashkanasy, N. M., Humphrey, R. H., Harms, P. D., Credé, M., & Wood, D. (2021). Does leadership still not need emotional intelligence? Continuing “The Great EI Debate.” The Leadership Quarterly, 101539.
  • Daus, C. S., & Ashkanasy, N. M. (2005). The case for the ability-based model of emotional intelligence in organizational behavior. Journal of Organizational Behavior, 26(4), 453–466.
  • Davies, M., Stankov, L., & Roberts, R. D. (1998). Emotional intelligence: In search of an elusive construct. Journal of Personality and Social Psychology, 75(4), 989–1015.
  • Elfenbein, H. A., & MacCann, C. (2017). A closer look at ability emotional intelligence (EI): What are its component parts, and how do they relate to each other? Social and Personality Psychology Compass, 11(7), e12324.
  • Eronen, M. I., & Bringmann, L. F. (2021). The Theory Crisis in Psychology: How to Move Forward. Perspectives on Psychological Science, 16(4), 779–788.
  • Hoemann, K., Wu, R., LoBue, V., Oakes, L. M., Xu, F., & Barrett, L. F. (2020). Developing an Understanding of Emotion Categories: Lessons from Objects. Trends in Cognitive Sciences, 24(1), 39–51.
  • Joseph, D. L., & Newman, D. A. (2010). Emotional intelligence: An integrative meta-analysis and cascading model. Journal of Applied Psychology, 95(1), 54–78.
  • Schutte, N. S., Malouff, J. M., Hall, L. E., Haggerty, D. J., Cooper, J. T., Golden, C. J., & Dornheim, L. (1998). Development and validation of a measure of emotional intelligence. Personality and Individual Differences, 25(2), 167–177.
  • Shrout, P. E., & Rodgers, J. L. (2018). Psychology, Science, and Knowledge Construction: Broadening Perspectives from the Replication Crisis. Annual Review of Psychology, 69(1), 487–510.
  • Smith, R., Badcock, P., & Friston, K. J. (2021). Recent advances in the application of predictive coding and active inference models within clinical neuroscience. Psychiatry and Clinical Neurosciences, 75(1), 3–13.
  • Tourish, D. (2019). Management Studies in Crisis: Fraud, Deception and Meaningless Research. Cambridge University Press.
  • Zapf, D., Kern, M., Tschan, F., Holman, D., & Semmer, N. K. (2021). Emotion Work: A Work Psychology Perspective. Annual Review of Organizational Psychology and Organizational Behavior, 8, 139–172.

L’utopie mais quelle utopie ? MIEUX, CE PEUT ETRE MOINS 👍☀️

#ThinkDifferent

“L’utopie ne consiste pas, aujourd’hui, à préconiser le bien-être par la décroissance et la subversion de l’actuel mode de vie ;
–> l’utopie consiste à croire que la croissance de la production sociale peut encore apporter le mieux-être, et qu’elle est matériellement possible” (Gorz, 1978, p. 20).

“MIEUX, CE PEUT ETRE MOINS,
–> créer le minimum de besoins, les satisfaire par la moindre dépense possible de matières, d’énergie et de travail, en provoquant le moins possible de nuisances” (Gorz, 1978, p. 36).

“Tous nos besoins et désirs sont des besoins et désirs de marchandise, donc des besoins d’argent.
–> Nous produisons la richesse en argent, lequel est par essence abstrait et sans limites, et donc le désir, par conséquent, est lui aussi sans limites. L’idée du suffisant – l’idée d’une limite au-delà de laquelle nous produisons ou achèterions trop, c’est-à-dire plus qu’il ne nous en faut – n’appartient pas à l’économie” (Gorz, 2008, p. 114-115).

Il est encore temps de réinvestir nos imaginaires…
–> pour d’autres futurs de progrès social et d’émancipation…
–> abondance frugale, collective et respectueuse de notre environnement social…
–> interrogeons-nous démocratiquement…
–> et qu’ils deviennent contagieux !!

“Que fait-on du besoin d’occupation (cf. Pascal) et des besoins sociaux ?
Des jeux vidéo collaboratifs ?
L’état de pensionné/retraité serait-il un genre de mise au rebut ?”
REP1:
Merci Guillaume pour ce message 🙏
En effet, André Gorz dans Ecologica explique comment chacun pourrait valoriser son “temps libéré”, plutôt que de n’avoir que du temps de travail, telle une “marchandise” ou “emploi”…💡 Il s’agit de repenser nos temps… mais pas au regard des temps actuels structurés et contraints par l’organisation socio-économique.🌐🧠 Il s’agirait bien entendu de débattre démocratiquement de ces questions, dans un souci des autres et de nos biens communs.⚙️🌀 Pour les personnes intéressées par des références particulières ou des lectures inspirantes, revoir mes miscellanées :
https://www.linkedin.com/posts/davidmusseau_lheure-des-changements-miscellan%C3%A9es-mai-activity-6673486405995384832-fKPj
“Valoriser” (le temps) ?! Est-il donc si précieux ?
De mon côté, si je vois une chose à “valoriser” (améliorer), ce serait plus les individus.
Mais ça n’est pas forcément une motivation honnête.
Car comme on peut le comprendre avec Sénèque, pour qu’une minorité ait la possibilité d’un otium, il y a des chances de devoir mobiliser la majorité pour qu’ils bossent à leur place.
Ça se voit avec le ratio actifs/retraités.
Quant au “débat démocratique” je n’y crois plus.
Bien trop difficile à rendre effectif.
Et ça dérive en ‘factions’ qui veulent chacune prendre le pouvoir total au détriment des autres.
REP2:

Guillaume tu as parfaitement raison sur ce point, d’ailleurs ce terme “valeur” était utilisé à dessein pour couvrir le champ actuel du travail 😉

💡 Gorz, à ce sujet, différencie la production de valeur (marchande) et de richesse (non économique) ⚙️
–> “Le terme « valoriser » signifie normalement « conférer une valeur monétaire », une valeur marchande” (Gorz, 2007, p. 104).
–> “L’extinction de la valeur et l’extinction du travail sont une seule et même chose” (Gorz, 2007, p. 102).

🌀💡 Il souhaitait développer le travail comme “oeuvre d’advenir” et pas comme “marchandise” (Clerc & Méda, 2009).

Guillaume, au sujet des “débats démocratiques”, de nombreux auteurs ont réfléchi à ce sujet, comme le soulignait Spinoza :
⚙️ La démocratie est sans doute la forme de l’État, “le plus naturel et celui qui est le moins éloigné de la liberté que la Nature reconnaît à chacun” (Spinoza, TTP, XVI).
💡 “maxime naturale videbatur et maxime ad libertatem”Ainsi, il explique que “nul ne transfère son droit naturel à autrui au point d’être exclu de toute délibération à l’avenir ; chacun au contraire le transfère à la majorité de la société tout entière dont il constitue une partie. Et de cette façon tous demeurent égaux, comme auparavant dans l’état de nature” (Spinoza, TTP, XVI).–> La réserve qu’il émet réside dans le fait que les hommes soient parvenus à suffisamment de “raison”, pour reconnaître en chacun le droit légitime de cultiver son “ingenium”, et conformément à son élan vital, le “conatus”.
David c’est très aimable à ces ‘auteurs’ de réfléchir à notre place, mais je pense, crois même, que mon “ingenium” a atteint un degré de développement qui commence à me permettre de ne pas être de leur avis.
Et donc dans ce “débat démocratique”, leur propos est-il plus crédible que le mien ou sommes-nous à être considérés comme égaux ?
Devrais-je transférer mon “droit naturel” à Spinoza ?
C’est ce que je comprends dans ton argument…
Mais il arrive qu’on se méprenne dans ce que disent les gens, et qu’on leur prête des pensées autres que celles qu’ils ont exprimé, ce qui est un des aspects qui rendent les ‘débats démocratiques’ assez compliqués…
REP3:
Guillaume, se tenir sur les épaules des géants n’est pas une honte, ni un aveu d’impuissance ou d’ignorance… c’est une démarche d’humilité et de recherche qui permet de ne pas reprendre le débat de manière décousue et d’apporter des briques de connaissance et de réflexion là où en est l’avancée du débat 😉
Comme la Convention Citoyenne pour le Climat, avec toutes les réserves et nuances que je pourrais apporter, permet de comprendre comment une assemblée représentative (pour un mandat qui est court, pourrait être révocable, etc.), qui prend du temps pour faire l’état des lieux des connaissances de manière systémique et transversale, comprend d’autant mieux un sujet et peut « préconiser » (dans ce cas).Aussi, je pense les débats démocratiques « complexes » mais pas « compliqués » car ils procèdent d’une mise en commun libératrice et créatrice qui demande un « temps de diffusion et d’infusion », « d’appropriation » et de « sublimation ».😉🔆
Refs :
  • Clerc, D., & Méda, D. (2009). “5. Emploi et travail chez André Gorz”: In Cahiers libres (pp. 99–122). La Découverte.
  • Méda, D. (2008). Au-delà du PIB: Pour une autre mesure de la richesse. Flammarion.
  • Gorz, A.(1978). Ecologie et politique. Éditions Galilée.
  • Gorz, A. (2004). Métamorphoses du travail, quête du sens. [1988] rééd. coll. « Folio ». Gallimard.
  • Gorz, A. (2007). Penser l’exode de la société du travail et de la marchandise. Mouvements, n° 50(2), 95–106.
  • Gorz, A. (2008). Ecologica. Editions Galilée.

Affect collectif et Parrhesia

#CollectiveAffect

☀️ Oui Spinoza ✴️ sur nos inclinations et désirs, nous invite à penser les affects…

“Quand nous nous efforçons à une chose, quand nous la voulons ou aspirons à elle, ou la désirons, ce n’est jamais parce que nous jugeons qu’elle est bonne ; mais au contraire, si nous jugeons qu’elle est bonne, c’est précisément parce que nous nous y efforçons, nous la voulons, ou aspirons à elle, ou la désirons” (Spinoza, Ethique III, 9, scolie).

Cette valeur imaginée individuellement dans telle ou telle chose devient bien vite un “affect commun”…
Matheron (1988) reprend à Spinoza, la “potentia multitudinis”, qui permet à la puissance affective de se former…

On retrouve cela dans tous les groupes… se traduisant par l’adhésion, l’intensité affective, qui enjointes à des pensées, se transforme en une opinion, ou une croyance fortement ancrée dans ce collectif…

Michel Foucault utilisait un terme dissonant ici, la “parrhesia”…

“Faire usage de sa liberté et choisir le parler franc au lieu du mensonge ou du silence, le risque de mourir au lieu de la vie et de la sécurité, la critique au lieu de l’adulation et le devoir moral au lieu de son propre avantage ou de l’apathie morale” (Foucault, 1983).

–> Foucault rappelle qu’étymologiquement le verbe “Parrhesiazesthai” signifie “Pour tout dire – de Pan” (tout) et “Rhema” (ce qui est dit). Aussi, le verbe “Parrhesiazomai” signifie “utiliser la parrhésie”.

–> Celui qui utilise la parrhésie, est le “parrhesiastes”, (parrhēsĭastes : ae, m., = παρρησιαστής, libertas en latin) est quelqu’un qui dit tout ce qu’il a en tête : il ne cache rien, et ouvre complètement son cœur et son esprit aux autres à travers son discours.

« La parrhèsia est une sorte d’activité verbale dans laquelle le locuteur a un rapport spécifique avec la vérité à travers la franchise, une certaine relation à sa propre vie à travers le danger, un certain type de relation avec lui-même et avec les autres à travers la critique (autocritique ou critique d’autres personnes), et un rapport spécifique avec la loi morale à travers la liberté et le devoir […] Dans la parrhèsia celui qui parle fait usage de sa liberté et choisit le parler franc au lieu du mensonge ou du silence, le risque de mourir au lieu de la vie et de la sécurité, la critique au lieu de l’adulation et le devoir moral au lieu de son propre avantage ou de l’apathie morale. »
Foucault explique qu’il existe deux types de parrhésia qu’il faut distinguer.
Premièrement, il y a un sens péjoratif, pas très loin du mot “bavarder”, et qui consiste à dire tout ou tout ce que l’on a en tête sans réserve. Ce sens péjoratif se retrouve chez Platon, par exemple, où chacun a le droit de s’adresser à ses concitoyens et de leur dire n’importe quoi – même les choses les plus stupides ou les plus dangereuses pour la ville.
Mais il s’avère la parrhésia n’a pas ce sens péjoratif dans les textes classiques, et est plutôt positive. Ce que Foucault ajoute dans ses cours, ce sont les conditions morales nécessaires de la parrhesia, en ce sens :

« Le jeu parrhésiastique présuppose que le parrhésiastes est quelqu’un qui possède les qualités morales requises, premièrement, pour connaître la vérité, et deuxièmement, pour la transmettre aux autres. »

« S’il y a une sorte de Preuve de la sincérité du parrhesiastes, c’est son courage. Le fait qu’un locuteur dise quelque chose de dangereux – différent de ce que la majorité croit – est une forte indication qu’il est un parrhésiastes. »

✴️ Cette parrhêsia n’est en rien de la rhétorique, car ELLE se soucie de “la vérité” et suppose quelque courage 😉☀️

#Group #Motivation #Parrhesia #Spinoza #Foucault

Colllective Affect
Colllective Affect – Parrhesia
References :
  • Foucault, M (1983). Discourse and Truth: the Problematization of Parrhesia. 6 lectures at University of California at Berkeley, CA, Oct-Nov. 1983.
  • Foucault, M. (2001). L’herméneutique du sujet. Cours au Collège de France (1981-1982). Paris : Gallimard/Le Seuil.
  • Foucault, M. (2009). Le courage de la vérité: Le gouvernement de soi et des autres II: Cours au Collège de France (1983-1984). Ed. Gros, Frédéric, A. Gallimard; Seuil: Paris.
  • Matheron, A. (1988). Individu et communauté chez Spinoza. Le sens commun. Paris. Minuit.
  • Spinoza, B. D., & Misrahi, R. (1993). Spinoza. Ethique. Introduction, traduction, notes et commentaires de Robert Misrahi. (Deuxième édition). Puf, Philosophie d’aujourd’hui.