Spinoza, une approche ontologique sur les émotions…

#Spinoza

“J’appelle Servitude l’impuissance humaine à diriger et à réprimer les affects. Soumis aux affects, en effet, l’homme ne relève pas de lui-même mais de l’aléa, et il est au pouvoir de celui-ci à un point tel qu’il est souvent contraint, voyant le meilleur, de faire le pire”.

“L’homme que mène la raison est plus libre dans la cité, où il vit selon le décret commun, que dans la solitude, où il n’obéit qu’à lui-même”.

“Man’s lack of power to moderate and restrain the affects I call bondage. For the man who is subject to affects is under the control, not of himself, but of fortune, in whose power he so greatly is that often, though he sees the better for himself, he is still forced to follow the worse.”
Spinoza, B. de (1677). Ethics IV. Preface.

“A man who is guided by reason is more free in a state, where he lives according to a common decision, than in solitude, where he obeys only himself.”
Ethics IV. Proposition 73

Spinoza n’a pas une vision subjectiviste, pour lui, les individus sont des élans de puissance, qui se déterminent comme élans de désirs sous un certain nombre d’affections qui les affectent. Et ce qui les affecte ce sont les structures, les rapports sociaux et les institutions.

????Un livre inspirant sur le sujet d’une introduction spinoziste dans les sciences sociales : Lordon, F. (2013). La Société des affects. Pour un structuralisme des passions. Seuil.????

Bonjour Guillaume, disons que “affects” englobe des notions plus vastes que les “émotions” ou les “sentiments”. Ce sont les moteurs du “désir” et les ressorts du “conatus”, cette impulsion vitale, cette force désirante qui repose sur des passions, des affects ou des affections, et qui permet de maintenir l’être en tant qu’être actif. “L’homme qui est conduit par la Raison n’est pas contraint à obéir par la Crainte mais en tant qu’il s’efforce de conserver son être selon le commandement de la Raison, c’est-à-dire en tant qu’il s’efforce de vivre librement, il désire respecter le principe de la vie et de l’utilité communes et par conséquent vivre selon le décret commun de la Cité. L’homme qui est conduit par la Raison désire donc, afin de vivre plus libre, respecter le droit commun de la Cité”. C.Q.F.D. (Eth. 4, prop 73, démonstration)

Guillaume, vaste chantier de réflexion ????☀️ Je ne te ferai pas une réponse de suite car c’est en partie l’objet de mes recherches ⚙️ Spinoza est un penseur matérialiste, déterministe mais nous pouvons dépasser notre condition déterminée par nos affects en modifiant le cadre qui les détermine. C’est un des points de travail de Lordon sur son structuralisme des passions. “Il y a des structures, et dans les structures il y a des hommes passionnés ; en première instance les hommes sont mus par leurs passions, en dernière analyse leurs passions sont largement déterminées par les structures ; ils sont mus le plus souvent dans une direction qui reproduit les structures, mais parfois dans une autre qui les renverse pour en créer de nouvelles : voilà, à l’essentiel, l’ordre des faits que voudraient saisir les combinaisons particulières du structuralisme des passions” (Lordon, 2013, p. 11).