Une histoire de l’Intelligence Émotionnelle dans les situations de travail – A History of Emotional Intelligence in Work Settings

🌀 L’Intelligence Émotionnelle (IE), est un ensemble d’habilités, qui peut aider à traverser des moments fortement émotionnels, ou dans un espace circonscrit par des expériences de vie chargées affectivement. 

💡 Il s’agit notamment de faire face au stress, de maintenir sa motivation au fil du temps, d’établir et de maintenir des relations étroites, ou de s’adapter à des situations en évolution rapide avec des demandes sociales changeantes (Joseph et Newman 2010; Mayer et al., 2016).
✅ A travers une revue historique, mes co-auteurs et moi-même (Rebecca DickasonNeal M. Ashkanasy & David HAMPTON-MUSSEAU, 2021) explorons les origines de l’IE, le contexte théorique double lié à la recherche sur l’émotion et l’intelligence générale, les premiers instruments d’auto-évaluation, l’émergence du modèle des habiletés de l’IE, et l’identification de trois “courants” distincts de recherche en IE.⚙️ Cela nous permet ainsi de dessiner une feuille de route pour l’avenir mais aussi d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche, nécessaires avec les temps difficiles auxquels nous sommes tous inégalement confrontés.✴️ Nous avons l’immense plaisir de présenter nos travaux lors de la conférence internationale Academy of Management 2021 pour une session asynchrone, à partir de ce vendredi 30 juillet 2021.

https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/AMBPP.2021.12470abstract

⏳ Alors que les traces du terme “Intelligence émotionnelle” peuvent être remontées assez loin dans le temps, elle n’existe que depuis 1990 dans son incarnation scientifique moderne. Aussi, les premières références au terme d’intelligence « émotionnelle » (ou « affective ») sont dans des domaines littéraires ou artistiques.

▶️ Par exemple, la romancière britannique Jane Austen (1775-1817), en est une initiatrice, à travers son usage et traitement des affects et des émotions, en lien avec l’intelligence.
Elle a même développé une sorte de modèle d’auto-compréhension plus “humainement crédible”, qui “exige de l’imagination, implique l’entraînement de l’émotion, et implique d’adopter et de modifier une position sociale” (Eldridge, 2019).

🧠 Les pistes que nous proposons proviennent en partie des recherches récentes en neurosciences, mais aussi par des chercheurs adoptant une vision pluridisciplinaire, soutenant plus de transversalité des sciences dites “exactes” vers les sciences humaines et sociales et vice-versa.
Ces collaborations académiques augurent d’une meilleure compréhension de nos affects, en particulier, par des différences ontologiques et épistémologiques.

✅ Des habiletés de granularité émotionnelle (capacité à différencier la spécificité de ses émotions par-delà le simple “plaisir-déplaisir”, Barrett, 2018), par exemple, ou de régulation émotionnelle effective font donc partie intégrante de l’IE.

–> English version below

🌀 Emotional Intelligence (EI) is a set of abilities that can help go through intensely emotional moments or in an emotionally charged space limited by life experiences.

💡 EI includes coping with stress, maintaining motivation over time, establishing and maintaining close relationships, or adapting to rapidly changing situations with changing social demands (Joseph and Newman 2010; Mayer et al. 2016).

✅ Through a historical review, my co-authors and I (Rebecca DickasonNeal M. Ashkanasy & David HAMPTON-MUSSEAU, 2021) explore the origins of EI, the dual theoretical context linked to research on emotion and general intelligence, the first self-assessment instruments, the emergence of the EI ability-model, and the identification of three distinct “streams” of EI research.

⚙️ We, thus, draw a roadmap for the future and open up new avenues of research, essential with the difficult times we are all unequally facing.

✴️ We are so grateful to present our work at the Academy of Management 2021 international conference for an asynchronous session, starting this Friday, July 30, 2021.

#AOM2021

https://2021.aom.org/meetings/virtual/F2vM596dBBxQ2gzTX

Université Toulouse 1 Capitole
Toulouse School of Management
CNRS – Centre national de la recherche scientifique

#intelligenceémotionnelle #history #neurosciences #AOM2021

🧠 The avenues we propose come partly from recent neuroscience research and researchers adopting a multidisciplinary vision, supporting more transversality from the so-called “exact” sciences towards the human and social sciences and vice versa.
Those academic collaborations augur a better understanding of our affects, in particular, through different ontological and epistemological approaches.

✅ Emotional granularity (ability to differentiate the specificity of one’s emotions beyond simple “pleasure-displeasure,” Barrett, 2018), for example, or effective emotional regulation, are therefore an integral part of EI.

REFS :
  • Barrett, L. F. (2018). How Emotions Are Made: The Secret Life of the Brain (6th ed.). Pan Books.
  • Dickason, R., Ashkanasy, N. M., & Hampton-Musseau, D. (2021). A History of Emotional Intelligence in Work Settings. Academy of Management Proceedings, 2021(1), 12470. https://doi.org/10/gmdgvh
  • Eldridge, R. (2019, March 6). Philosopher Richard Eldridge on Imagination, Emotion, and Social Stance in Jane Austen’s Emma. Swarthmore. retrieved on https://www.swarthmore.edu/news-events/philosopher-richard-eldridge-imagination-emotion-and-social-stance-jane-austens-emma
  • Joseph, D. L., & Newman, D. A. (2010). Emotional intelligence: An integrative meta-analysis and cascading model. Journal of Applied Psychology, 95(1), 54–78.
  • Mayer, J. D., Caruso, D. R., & Salovey, P. (2016). The Ability Model of Emotional Intelligence: Principles and Updates. Emotion Review, 8(4), 290–300.

Intelligence Émotionnelle – Le Grand Débat (suite) – Article Dasborough et al. (2021)

#Emotion

🌀 Laissez-moi vous parler d’un article récent de Marie Dasborough et ses collègues (2021) qui vient comme une suite dans le débat scientifique en cours sur l’Intelligence Émotionnelle (IE).
–> Continuing “The Great EI Debate”

✴️ Ce débat controversé avait commencé dès le début du développement de l’IE, dans les années 1990 (Davies et al., 1998).

✅ En réponse à Edwin Locke et Frank Landy, en 2005, Catherine Daus et Neal Ashkanasy avaient écrit deux articles pour expliciter de manière plus transversale les avancées singulières de la recherche sur le cerveau, la cognition, et les émotions et les applications propres au champ de l’IE.

✴️ En 2009, Marie DasboroughNeal M. Ashkanasy et John Antonakis ont aussi longuement discuté leurs approches épistémologique et ontologique, sur l’intérêt de l’IE dans le domaine du leadership, et des sciences organisationnelles en général.

✅ Marie Dasborough et ses co-auteurs (2021) en arrivent à des points d’accord, dont l’intérêt de l’étude des émotions. Les deux parties trouvent utile aussi d’évaluer les éléments du processus émotionnel : la perception, la compréhension, la régulations et l’affichage. Ainsi, le modèle en cascade des émotions (Elfenbein & MacCann, 2017 ; Joseph & Newman, 2010) et d’autres modèles de processus liés aux émotions au travail (Zapf, Kern, Tschan, Holman, & Semmer, 2021) offrent des perspectives probantes de recherche.

🤔 Par ailleurs, des problèmes de validité significatifs existent et sèment la confusion avec deux mesures d’auto-évaluation très populaires : le Bar‐On EQi (Bar‐On & Parker, 2000) et l’instrument développé par Schutte et al. (1998)⚙️

🌐 Ils conviennent donc de la nécessité d’une recherche rigoureuse, et dans la crise scientifique actuelle (de reproducibilité de la science – “replication crisis” ; Berkman & Wilson, 2021 ; Cronin, Stouten & van Knippenberg, 2021 ; Eronen et Bringmann, 2021 ; Shrout et Rogers, 2018 ; Tourish, 2019) les problèmes identifiés pour l’IE ne sont pas propres à son étude, ils doivent permettre d’éclairer la recherche pour de nombreux autres concepts, dans un environnement bien plus large.

🧠 J’ajouterai que les avancées en neurosciences très récentes permettent de comprendre certains aspects essentiels de notre cerveau, comme organe prédictif (inférences bayésiennes : Clark, 2016 ; Friston et al., 2017 ; Smith, Badcock & Friston, 2021) en recherche de l’équilibre (homéostasie), par des perceptions fines internes et externes…

💡 Ainsi notre cerveau est capable de catégoriser les modèles d’expériences sensorielles et socio-culturelles (Hoemann et al., 2020).

🌀 Notre cerveau prédictif est notre plus bel atout et notre plus belle faiblesse…

#EmotionIntelligence #Debate #Affects #intelligenceémotionnelle #neurosciences

Brain
Brain – EI
REFS :
  • Antonakis, J., Ashkanasy, N. M., & Dasborough, M. T. (2009). Does leadership need emotional intelligence? The Leadership Quarterly, 20(2), 247–261.
  • Ashkanasy, N. M., & Daus, C. S. (2005). Rumors of the death of emotional intelligence in organizational behavior are vastly exaggerated. Journal of Organizational Behavior, 26(4), 441–452.
  • Bar-On, R., & Parker, J. D. A. (Eds.). (2000). The handbook of emotional intelligence: Theory, development, assessment, and application at home, school, and in the workplace. Jossey-Bass.
  • Berkman, E. T., & Wilson, S. M. (2021). So Useful as a Good Theory? The Practicality Crisis in (Social) Psychological Theory. Perspectives on Psychological Science, 1745691620969650.
  • Clark A. (2013). Whatever next? Predictive brains, situated agents, and the future of cognitive science, Behavioral and Brain Sciences, 36 (03) 181-204.
  • Clark, A. (2016). Surfing uncertainty: Prediction, action, and the embodied mind. Oxford, England: Oxford University Press.
  • Cronin, M. A., Stouten, J., & van Knippenberg, D. (2021). The theory crisis in management research: Solving the right problem. Academy of Management Review.
  • Dasborough, M. T., Ashkanasy, N. M., Humphrey, R. H., Harms, P. D., Credé, M., & Wood, D. (2021). Does leadership still not need emotional intelligence? Continuing “The Great EI Debate.” The Leadership Quarterly, 101539.
  • Daus, C. S., & Ashkanasy, N. M. (2005). The case for the ability-based model of emotional intelligence in organizational behavior. Journal of Organizational Behavior, 26(4), 453–466.
  • Davies, M., Stankov, L., & Roberts, R. D. (1998). Emotional intelligence: In search of an elusive construct. Journal of Personality and Social Psychology, 75(4), 989–1015.
  • Elfenbein, H. A., & MacCann, C. (2017). A closer look at ability emotional intelligence (EI): What are its component parts, and how do they relate to each other? Social and Personality Psychology Compass, 11(7), e12324.
  • Eronen, M. I., & Bringmann, L. F. (2021). The Theory Crisis in Psychology: How to Move Forward. Perspectives on Psychological Science, 16(4), 779–788.
  • Hoemann, K., Wu, R., LoBue, V., Oakes, L. M., Xu, F., & Barrett, L. F. (2020). Developing an Understanding of Emotion Categories: Lessons from Objects. Trends in Cognitive Sciences, 24(1), 39–51.
  • Joseph, D. L., & Newman, D. A. (2010). Emotional intelligence: An integrative meta-analysis and cascading model. Journal of Applied Psychology, 95(1), 54–78.
  • Schutte, N. S., Malouff, J. M., Hall, L. E., Haggerty, D. J., Cooper, J. T., Golden, C. J., & Dornheim, L. (1998). Development and validation of a measure of emotional intelligence. Personality and Individual Differences, 25(2), 167–177.
  • Shrout, P. E., & Rodgers, J. L. (2018). Psychology, Science, and Knowledge Construction: Broadening Perspectives from the Replication Crisis. Annual Review of Psychology, 69(1), 487–510.
  • Smith, R., Badcock, P., & Friston, K. J. (2021). Recent advances in the application of predictive coding and active inference models within clinical neuroscience. Psychiatry and Clinical Neurosciences, 75(1), 3–13.
  • Tourish, D. (2019). Management Studies in Crisis: Fraud, Deception and Meaningless Research. Cambridge University Press.
  • Zapf, D., Kern, M., Tschan, F., Holman, D., & Semmer, N. K. (2021). Emotion Work: A Work Psychology Perspective. Annual Review of Organizational Psychology and Organizational Behavior, 8, 139–172.

L’utopie mais quelle utopie ? MIEUX, CE PEUT ETRE MOINS 👍☀️

#ThinkDifferent

“L’utopie ne consiste pas, aujourd’hui, à préconiser le bien-être par la décroissance et la subversion de l’actuel mode de vie ;
–> l’utopie consiste à croire que la croissance de la production sociale peut encore apporter le mieux-être, et qu’elle est matériellement possible” (Gorz, 1978, p. 20).

“MIEUX, CE PEUT ETRE MOINS,
–> créer le minimum de besoins, les satisfaire par la moindre dépense possible de matières, d’énergie et de travail, en provoquant le moins possible de nuisances” (Gorz, 1978, p. 36).

“Tous nos besoins et désirs sont des besoins et désirs de marchandise, donc des besoins d’argent.
–> Nous produisons la richesse en argent, lequel est par essence abstrait et sans limites, et donc le désir, par conséquent, est lui aussi sans limites. L’idée du suffisant – l’idée d’une limite au-delà de laquelle nous produisons ou achèterions trop, c’est-à-dire plus qu’il ne nous en faut – n’appartient pas à l’économie” (Gorz, 2008, p. 114-115).

Il est encore temps de réinvestir nos imaginaires…
–> pour d’autres futurs de progrès social et d’émancipation…
–> abondance frugale, collective et respectueuse de notre environnement social…
–> interrogeons-nous démocratiquement…
–> et qu’ils deviennent contagieux !!

“Que fait-on du besoin d’occupation (cf. Pascal) et des besoins sociaux ?
Des jeux vidéo collaboratifs ?
L’état de pensionné/retraité serait-il un genre de mise au rebut ?”
REP1:
Merci Guillaume pour ce message 🙏
En effet, André Gorz dans Ecologica explique comment chacun pourrait valoriser son “temps libéré”, plutôt que de n’avoir que du temps de travail, telle une “marchandise” ou “emploi”…💡 Il s’agit de repenser nos temps… mais pas au regard des temps actuels structurés et contraints par l’organisation socio-économique.🌐🧠 Il s’agirait bien entendu de débattre démocratiquement de ces questions, dans un souci des autres et de nos biens communs.⚙️🌀 Pour les personnes intéressées par des références particulières ou des lectures inspirantes, revoir mes miscellanées :
https://www.linkedin.com/posts/davidmusseau_lheure-des-changements-miscellan%C3%A9es-mai-activity-6673486405995384832-fKPj
“Valoriser” (le temps) ?! Est-il donc si précieux ?
De mon côté, si je vois une chose à “valoriser” (améliorer), ce serait plus les individus.
Mais ça n’est pas forcément une motivation honnête.
Car comme on peut le comprendre avec Sénèque, pour qu’une minorité ait la possibilité d’un otium, il y a des chances de devoir mobiliser la majorité pour qu’ils bossent à leur place.
Ça se voit avec le ratio actifs/retraités.
Quant au “débat démocratique” je n’y crois plus.
Bien trop difficile à rendre effectif.
Et ça dérive en ‘factions’ qui veulent chacune prendre le pouvoir total au détriment des autres.
REP2:

Guillaume tu as parfaitement raison sur ce point, d’ailleurs ce terme “valeur” était utilisé à dessein pour couvrir le champ actuel du travail 😉

💡 Gorz, à ce sujet, différencie la production de valeur (marchande) et de richesse (non économique) ⚙️
–> “Le terme « valoriser » signifie normalement « conférer une valeur monétaire », une valeur marchande” (Gorz, 2007, p. 104).
–> “L’extinction de la valeur et l’extinction du travail sont une seule et même chose” (Gorz, 2007, p. 102).

🌀💡 Il souhaitait développer le travail comme “oeuvre d’advenir” et pas comme “marchandise” (Clerc & Méda, 2009).

Guillaume, au sujet des “débats démocratiques”, de nombreux auteurs ont réfléchi à ce sujet, comme le soulignait Spinoza :
⚙️ La démocratie est sans doute la forme de l’État, “le plus naturel et celui qui est le moins éloigné de la liberté que la Nature reconnaît à chacun” (Spinoza, TTP, XVI).
💡 “maxime naturale videbatur et maxime ad libertatem”Ainsi, il explique que “nul ne transfère son droit naturel à autrui au point d’être exclu de toute délibération à l’avenir ; chacun au contraire le transfère à la majorité de la société tout entière dont il constitue une partie. Et de cette façon tous demeurent égaux, comme auparavant dans l’état de nature” (Spinoza, TTP, XVI).–> La réserve qu’il émet réside dans le fait que les hommes soient parvenus à suffisamment de “raison”, pour reconnaître en chacun le droit légitime de cultiver son “ingenium”, et conformément à son élan vital, le “conatus”.
David c’est très aimable à ces ‘auteurs’ de réfléchir à notre place, mais je pense, crois même, que mon “ingenium” a atteint un degré de développement qui commence à me permettre de ne pas être de leur avis.
Et donc dans ce “débat démocratique”, leur propos est-il plus crédible que le mien ou sommes-nous à être considérés comme égaux ?
Devrais-je transférer mon “droit naturel” à Spinoza ?
C’est ce que je comprends dans ton argument…
Mais il arrive qu’on se méprenne dans ce que disent les gens, et qu’on leur prête des pensées autres que celles qu’ils ont exprimé, ce qui est un des aspects qui rendent les ‘débats démocratiques’ assez compliqués…
REP3:
Guillaume, se tenir sur les épaules des géants n’est pas une honte, ni un aveu d’impuissance ou d’ignorance… c’est une démarche d’humilité et de recherche qui permet de ne pas reprendre le débat de manière décousue et d’apporter des briques de connaissance et de réflexion là où en est l’avancée du débat 😉
Comme la Convention Citoyenne pour le Climat, avec toutes les réserves et nuances que je pourrais apporter, permet de comprendre comment une assemblée représentative (pour un mandat qui est court, pourrait être révocable, etc.), qui prend du temps pour faire l’état des lieux des connaissances de manière systémique et transversale, comprend d’autant mieux un sujet et peut « préconiser » (dans ce cas).Aussi, je pense les débats démocratiques « complexes » mais pas « compliqués » car ils procèdent d’une mise en commun libératrice et créatrice qui demande un « temps de diffusion et d’infusion », « d’appropriation » et de « sublimation ».😉🔆
Refs :
  • Clerc, D., & Méda, D. (2009). “5. Emploi et travail chez André Gorz”: In Cahiers libres (pp. 99–122). La Découverte.
  • Méda, D. (2008). Au-delà du PIB: Pour une autre mesure de la richesse. Flammarion.
  • Gorz, A.(1978). Ecologie et politique. Éditions Galilée.
  • Gorz, A. (2004). Métamorphoses du travail, quête du sens. [1988] rééd. coll. « Folio ». Gallimard.
  • Gorz, A. (2007). Penser l’exode de la société du travail et de la marchandise. Mouvements, n° 50(2), 95–106.
  • Gorz, A. (2008). Ecologica. Editions Galilée.

Affect collectif et Parrhesia

#CollectiveAffect

☀️ Oui Spinoza ✴️ sur nos inclinations et désirs, nous invite à penser les affects…

“Quand nous nous efforçons à une chose, quand nous la voulons ou aspirons à elle, ou la désirons, ce n’est jamais parce que nous jugeons qu’elle est bonne ; mais au contraire, si nous jugeons qu’elle est bonne, c’est précisément parce que nous nous y efforçons, nous la voulons, ou aspirons à elle, ou la désirons” (Spinoza, Ethique III, 9, scolie).

Cette valeur imaginée individuellement dans telle ou telle chose devient bien vite un “affect commun”…
Matheron (1988) reprend à Spinoza, la “potentia multitudinis”, qui permet à la puissance affective de se former…

On retrouve cela dans tous les groupes… se traduisant par l’adhésion, l’intensité affective, qui enjointes à des pensées, se transforme en une opinion, ou une croyance fortement ancrée dans ce collectif…

Michel Foucault utilisait un terme dissonant ici, la “parrhesia”…

“Faire usage de sa liberté et choisir le parler franc au lieu du mensonge ou du silence, le risque de mourir au lieu de la vie et de la sécurité, la critique au lieu de l’adulation et le devoir moral au lieu de son propre avantage ou de l’apathie morale” (Foucault, 1983).

–> Foucault rappelle qu’étymologiquement le verbe “Parrhesiazesthai” signifie “Pour tout dire – de Pan” (tout) et “Rhema” (ce qui est dit). Aussi, le verbe “Parrhesiazomai” signifie “utiliser la parrhésie”.

–> Celui qui utilise la parrhésie, est le “parrhesiastes”, (parrhēsĭastes : ae, m., = παρρησιαστής, libertas en latin) est quelqu’un qui dit tout ce qu’il a en tête : il ne cache rien, et ouvre complètement son cœur et son esprit aux autres à travers son discours.

« La parrhèsia est une sorte d’activité verbale dans laquelle le locuteur a un rapport spécifique avec la vérité à travers la franchise, une certaine relation à sa propre vie à travers le danger, un certain type de relation avec lui-même et avec les autres à travers la critique (autocritique ou critique d’autres personnes), et un rapport spécifique avec la loi morale à travers la liberté et le devoir […] Dans la parrhèsia celui qui parle fait usage de sa liberté et choisit le parler franc au lieu du mensonge ou du silence, le risque de mourir au lieu de la vie et de la sécurité, la critique au lieu de l’adulation et le devoir moral au lieu de son propre avantage ou de l’apathie morale. »
Foucault explique qu’il existe deux types de parrhésia qu’il faut distinguer.
Premièrement, il y a un sens péjoratif, pas très loin du mot “bavarder”, et qui consiste à dire tout ou tout ce que l’on a en tête sans réserve. Ce sens péjoratif se retrouve chez Platon, par exemple, où chacun a le droit de s’adresser à ses concitoyens et de leur dire n’importe quoi – même les choses les plus stupides ou les plus dangereuses pour la ville.
Mais il s’avère la parrhésia n’a pas ce sens péjoratif dans les textes classiques, et est plutôt positive. Ce que Foucault ajoute dans ses cours, ce sont les conditions morales nécessaires de la parrhesia, en ce sens :

« Le jeu parrhésiastique présuppose que le parrhésiastes est quelqu’un qui possède les qualités morales requises, premièrement, pour connaître la vérité, et deuxièmement, pour la transmettre aux autres. »

« S’il y a une sorte de Preuve de la sincérité du parrhesiastes, c’est son courage. Le fait qu’un locuteur dise quelque chose de dangereux – différent de ce que la majorité croit – est une forte indication qu’il est un parrhésiastes. »

✴️ Cette parrhêsia n’est en rien de la rhétorique, car ELLE se soucie de “la vérité” et suppose quelque courage 😉☀️

#Group #Motivation #Parrhesia #Spinoza #Foucault

Colllective Affect
Colllective Affect – Parrhesia
References :
  • Foucault, M (1983). Discourse and Truth: the Problematization of Parrhesia. 6 lectures at University of California at Berkeley, CA, Oct-Nov. 1983.
  • Foucault, M. (2001). L’herméneutique du sujet. Cours au Collège de France (1981-1982). Paris : Gallimard/Le Seuil.
  • Foucault, M. (2009). Le courage de la vérité: Le gouvernement de soi et des autres II: Cours au Collège de France (1983-1984). Ed. Gros, Frédéric, A. Gallimard; Seuil: Paris.
  • Matheron, A. (1988). Individu et communauté chez Spinoza. Le sens commun. Paris. Minuit.
  • Spinoza, B. D., & Misrahi, R. (1993). Spinoza. Ethique. Introduction, traduction, notes et commentaires de Robert Misrahi. (Deuxième édition). Puf, Philosophie d’aujourd’hui.

 

Les Constructions Sociales et Culturelles de la Création de Sens

#MindAndCulture

Si la révolution cognitive a permis de très belles avancées scientifiques, elle semble être passée trop tôt d’une “construction du sens” au traitement de “l’information” (Bruner, 1990, p. 4).

Shinobu Kitayama (psychologue) rappelle que le processus de création de sens est fondamentalement social, interpersonnel et surtout culturel.

La “culture” est cet ensemble cohérent de représentations mentales (idées, croyances et valeurs) et de manifestations (pratiques comportementales, artefacts et institutions) partagées par un groupe et acquises par les nouvelles générations grâce à l’apprentissage social.

“Nos cerveaux humains sont des artefacts culturels (Mithen & Parsons, 2008; Taylor, 2006). Les cerveaux mettent en œuvre la culture, transmettent la culture et sont câblés par la culture.” (Gendron et al., 2020, p. 188).

Chacun naît parmi une tradition culturelle, où nous sommes socialisés et “formés” pour agir au mieux dans ce milieu socio-culturel, par l’apprentissage de scripts, conventions et rites.

Pendant ce processus, nos cerveaux sont “recâblés” et réorganisés pour agir correctement et efficacement dans ce milieu culturel (Kitayama & Salvador, 2017).

Notre esprit est préparé biologiquement… il se développe et se complémente socio-culturellement (Tomasello, 2014).

Ne serait-ce pas une magnifique opportunité pour comprendre la diversité qui enrichit nos cultures ?

#Culture #Emotions

Mind and Culture
Mind and Culture

REFERENCES :

  • Bruner, J. (1990). Acts of meaning. Harvard University Press.
  • Gendron, M., Mesquita, B., & Barrett, L. F. (2020). The Brain as a Cultural Artifact: Concepts, Actions, and Experiences within the Human Affective Niche. In L. J. Kirmayer, C. M. Worthman, S. Kitayama, R. Lemelson, & C. Cummings (Eds.), Culture, Mind, and Brain (1st ed., pp. 188–222). Cambridge University Press.
  • Kitayama, S., & Salvador, C. E. (2017). Culture embrained: Going beyond the nature-nurture dichotomy. Perspectives on Psychological Science, 12(5), 841–854. – Mithen, S., & Parsons, L. (2008). The Brain as a Cultural Artefact. Cambridge Archaeological Journal, 18(3), 415-422.
  • Taylor, T. (2006). The human brain is a cultural artefact. The Edge: What is your dangerous idea? Retrieved from https://www.edge.org/response-detail/11835
  • Taylor, T. (2011). The artificial ape: How technology changed the course of human evolution (1st ed.). Palgrave Macmillan.
  • Tomasello, M. (2014). The ultra-social animal. European journal of social psychology, 44(3), 187-194.
  • Uchida, Y., & Kitayama, S. (2009). Happiness and unhappiness in east and west: Themes and variations. Emotion, 9(4), 441–456.

🗝 Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer le monde…!!

#Influence

🗝 “Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer le monde. En fait c’est toujours ainsi que cela se produit”

⚙️ “Never doubt that a small group of thoughtful, committed citizens can change the world. Indeed, it’s the only thing that ever has.”
(attribué à Margaret Mead, Keys, 1982a, p. 79)

▶️ Suivons pour cela l’intuition de Margaret Mead…

⚙️ Granovetter (1978), selon la théorie de la masse critique, soutient que lorsqu’une minorité “engagée” atteint une taille de groupe “critique”, une structure sociale franchit un point de basculement, déclenchant des changements de comportement plus rapides par une acceptation.

▶️ Damon Centola, sociologue américain, tente lui aussi de comprendre “the tipping point” dans ses recherches. Il a montré expérimentalement qu’un nombre suffisant de personnes, à partir de 25% d’un groupe (weak entrenchment), pouvait réussir à emporter l’adhésion et provoquer ces changements (Centola et al., 2018).

✴️ Par ailleurs, Otto et ses collègues (2020), dans leur dernière étude, ont proposé de s’appuyer sur cette dynamique de transformation par bascule pour réduire l’impact carbone.

✅ La décarbonation nécessaire pour stabiliser le climat et l’environnement devrait se baser sur des processus contagieux et rapides afin d’insuffler les changements sociaux et technologiques indispensables.

✴️ Comment souhaiteriez-vous utiliser ce levier ?

#SocialSustainability #ChangeNow #TippingPoint

Tipping Point - Illustr. de Dymphie Huijssen
Tipping Point – Illustr. de Dymphie Huijssen
Illustr. de Dymphie Huijssen
????✴️ Comme l’expliquait Spinoza, ce sont les affects communs qui vont pouvoir conduire ce changement… dès lors qu’une nouvelle dynamique de convergence passionnelle peut conduire à la formation de nouveaux affects communs, par adhésion affective et activation du “conatus” (cf. concept de la “potentia multitudinis” de Matheron, 1969).
⚙️ La force de cette action collective, Spinoza la nomme “imperium” : “Ce droit que définit la puissance de la multitude, on l’appelle généralement imperium” (TP, II, 17).
–> Voir aussi :

Les cours donnés par Margaret Mead sont des sources d’inspiration et d’humanisme, basés sur ses travaux d’observation et d’études anthropologiques : Mead, M. (1964). Continuities in Cultural Evolution. New Haven: Yale University Press.)

Des sources d’inspiration et d’humanisme… Mead, M. (1964). Continuities in Cultural Evolution. New Haven: Yale University Press.

(p. 12) : “En tant que mesure de l’évolution culturelle, l’utilisation de la quantité d’énergie disponible pour tout groupe humain à une période donnée du développement culturel humain fournit un cadre macrocosmique pratique pour la discussion sur le politique.”

(p. 266-267) : “Au lieu de cela, nous pouvons prendre la position que l’unité de l’évolution culturelle n’est ni l’individu surdoué ni la société dans son ensemble, mais le petit groupe d’individus en interaction qui, avec les plus doués d’entre eux, peuvent passer à l’étape suivante; alors nous pouvons entreprendre la tâche de créer les conditions dans lesquelles les personnes douées de manière appropriée peuvent réellement apporter une contribution. C’est-à-dire, plutôt que d’isoler les «leaders» potentiels, nous pouvons délibérément produire les conditions que nous trouvons dans l’histoire, dans lesquelles des groupes sont formés d’un petit nombre d’hommes extraordinaires et ordinaires, tellement liés à leur période et les uns aux autres qu’ils peuvent consciemment se mettre à résoudre les problèmes qu’ils se proposent.”

(p. 284): “Pour le moment, cependant, il semble y avoir un plus grand risque que toute civilisation soit détruite que toute l’humanité sera détruite. Placer leur foi dans le cerveau merveilleusement complexe de l’homme, les biologistes sont encouragés par la probabilité que même après une guerre catastrophique, des représentants d’Homo sapiens survivraient dans des régions très reculées de la terre, loin des grandes explosions ou des centres de diffusion de la guerre biochimique, sur des îles, dans des jungles inaccessibles, dans des vallées profondes et isolées.”

(p. 12): “As a measure of cultural evolution, the use of the amount of energy available to any human group at a given period in human cultural development provides a convenient macrocosmic framework for the discussion of political.”

(p. 266-267): “Instead, we can take the position that the unit of cultural evolution is neither the single gifted individual nor the society as a whole but the small group of interacting individuals who, together with the most gifted among them, can take the next step; then we can set about the task of creating the conditions in which the appropriately gifted can actually make a contribution. That is, rather than isolating potential “leaders,” we can purposefully produce the conditions we find in history, in which clusters are formed of a small number of extraordinary and ordinary men, so related to their period and to one another that they can consciously set about solving the problems they propose for themselves.”

(p. 284): “For the present, however, there appears to be a greater risk that all civilization will be destroyed than that all mankind will be destroyed. Placing their faith in man’s marvelously intricate brain, biologists are cheered by the probability that even after a catastrophic war, representatives of Homo sapiens would survive in very remote parts of the earth, far from major explosions or centers of diffusion of biochemical warfare, on islands, in inaccessible jungles, in deep, secluded valleys.”

REFERENCES :
  • Centola, D. (2018). How behavior spreads: The science of complex contagions. Princeton University Press.
  • Centola, D. (2021). Change: How to Make Big Things Happen. Little, Brown Spark.
  • Centola, D., Becker, J., Brackbill, D., & Baronchelli, A. (2018). Experimental evidence for tipping points in social convention. Science, 360(6393), 1116–1119. – Gladwell, M. (2002). The Tipping Point: How Little Things Can Make a Big Difference (Reprint édition). Back Bay Books.
  • Gladwell, M. (2002). The Tipping Point: How Little Things Can Make a Big Difference (Reprint édition). Back Bay Books.
  • Keys, D. (1982a). Earth at Omega: Passage to Planetization. Branden Books. – Keys, D. (1982b). Rewiring the Human Being: A Feasibility Study. Journal of Humanistic Psychology, 22(4), 71–83.
  • Mead, M. (1964). Continuities in Cultural Evolution. New Haven: Yale University Press.
  • Otto, I. M., Donges, J. F., Cremades, R., Bhowmik, A., Hewitt, R. J., Lucht, W., Rockström, J., Allerberger, F., McCaffrey, M., Doe, S. S. P., Lenferna, A., Morán, N., Vuuren, D. P. van, & Schellnhuber, H. J. (2020). Social tipping dynamics for stabilizing Earth’s climate by 2050. Proceedings of the National Academy of Sciences, 117(5), 2354–2365.

Dans “le meilleur des mondes”​… de l’évaluation ? ????????????????

Il faut désormais regarder avec attention les questionnaires de satisfaction client, ceux-là même qui vont évaluer par exemple l’après-entretien ou -rdv téléphonique, entre VOUS, le « CLIENT », et un des services d’une entreprise.

Il y a peu de temps, j’ai été livré d’un équipement électroménager et j’ai été très heureux mais surpris d’accueillir deux personnes extrêmement « doucereuses et serviables »…????

En effet, mon expérience des relations clients, et humaines, m’a conduit à de tendre l’oreille vers mon interlocuteur pour tenter de comprendre ce qui se jouait ici…

« Emotional labor » comme l’appellent Arlie Russell Hochschild et Alicia Grandey, deux chercheuses spécialistes des émotions (Voir Hochschild, The Managed Heart, 1983 – Le Prix des Sentiments). Le « travail émotionnel », est cette capacité pour des individus « de jouer » leurs émotions (deep acting and surface acting) dans une situation de travail émotionnel, contre un salaire ou un autre type de compensation.

Hochschild (1983) a défini le travail émotionnel comme « la gestion des sentiments pour créer un affichage facial et corporel observable publiquement » (p. 7)

“I use the term emotional labor to mean the management of feeling to create a publicly observable facial and bodily display; emotional labor is sold for a wage and therefore has exchange value.

I use the synonymous terms emotion work or emotion management to refer to these same acts done in a private context where they have use value.” (Hochschild, 1983, p. 7)

Grandey (2000) a défini le « travail émotionnel » comme le processus de gestion des émotions de manière à ce qu’elles soient adaptées aux règles d’affichage organisationnelles ou professionnelles. Cette conceptualisation suppose que certaines organisations ou professions ont un certain type ou échantillon d’émotions qui doivent être affichées lors de l’interaction avec les clients (voir aussi Jeung et al., 2018 sur les risques de burnout du travail émotionnel).

Derrière l’engouement se cache une certaine tension, une souffrance…

Je ne pouvais pas mettre cette attitude enjouée et surfaite des livreurs sur le compte de leur premier rdv de la journée…

J’ai compris rapidement que leur démarche n’était pas complètement sincère et malgré leur amabilité et leur serviabilité, il manquait de la sincérité, de la confiance et un réel enthousiasme… En effet, ils m’ont indiqué que j’allais recevoir un mail pour évaluer mon niveau de satisfaction suite à leur passage????.

Un nouveau système de management dont vous êtes le héros ✴️

J’ai donc perçu l’enjeu de ce nouvel outil dans la besace des managers et des responsables de service « qualité »…

Je me rappelle alors avoir eu cette même recommandation de différents interlocuteurs (-trices) après un rdv avec ma banque, mon fournisseur d’énergie, mon fournisseur téléphonique…

« Merci de rester en ligne svp pour répondre à notre petit questionnaire… »

Bref, combien de fois ai-je dû déjà répondre par téléphone à LA question unique suite à mes échanges pour évaluer MA « satisfaction », oui voilà le mot magique des services qualité…

Mais quel est donc ce nouvel outil de « pressuration » des employés ?

Les livreurs m’ont donc expliqué que la première question comptait réellement pour eux et que l’entreprise ne prenait en compte que la note maximale, et que de 1 à 7 cela correspondait à un niveau nul…

J’ai rassuré mes deux livreurs du matin et leur ai assuré ma réponse favorable. Je ne voulais pas ajouter de la tension à cette situation ubuesque…????

Oui ! Sous prétexte de satisfaire le client à « tous prix », nous sommes prêts à entrer dans une ère de la post-évaluation directe et intrusive…

Cette évaluation l’imagineriez-vous dans votre quotidien en toute situation ???

Votre smartphone sonnant pour un questionnaire de satisfaction après avoir vu votre meilleur ami ?? Bu votre dernier café ?? Et je vous laisse imaginer toute sorte de croquignoles ????☀️

L’envers de la satisfaction client…

“La mesure c’est bien. En mal user, ça craint !” (Salon de la Relation Client de l’Ouest – 13 octobre 2020 I Cité des Congrès – Nantes)

Je vous partage donc cette vidéo avec @Christophe Benavent (Univ. Paris Nanterre), chercheur en marketing qui vient compléter mon idée d’un nouveau management par la satisfaction…

Il propose un mix de contrôle de gestion, de marketing et de stratégie. Il insiste sur l’importance de la vision, de l’offre et de la valeur… plutôt que des KPI (Key Performance Indicators – Indicateurs de Performance Clés) dans les organisations.

Le rituel du KPI ou comment ces mesures dans la « réputation », les signes de la qualité, ne sont pas exacts, mais permettent d’induire des opinions et des comportements par performativité (la vision d’un fétiche, ou la société de l’imposture selon Roland Gori).

Il analyse les outils de satisfaction des clients comme un service de mesure peu fiable et au regard des risques pour le bien-être des salariés :

« Aujourd’hui c’est un moyen d’évaluation des collaborateurs, de flicage et ça vient même intervenir sur le niveau des salaires » (Catherine Rucki-Lasnon, Henner GMC Assurances)

« Contacter un service client devient très difficile » avec les chatbots et l’absence de numéro de téléphone en première page d’un site web, le service client est relégué aux oubliettes…

Nous comprenons dès lors combien les questionnaires de satisfaction client sont dénués d’exactitude et servent d’une part l’intérêt de communication de celui qui les utilise à des fins commerciales, et d’autre part comme d’un instrument managérial de surveillance et de rétribution des salariés.

????Comment envisagez-vous la satisfaction du client ? Et à quels prix ?????????

–> Pour comprendre plus en profondeur les mécanismes des sondages d’opinion, il faut relire Pierre Bourdieu : L’opinion publique n’existe pas…

Pierre Bourdieu : L’opinion publique n’existe pas, 1972.

https://www.cairn.info/premieres-lecons-de-sociologie–9782130620396-page-111.htm#

https://www.monde-diplomatique.fr/2012/01/BOURDIEU/47159

Voir site SES-ENS : Connaître et mesurer l’opinion publique : utilité et limites des sondages : http://ses.ens-lyon.fr/articles/connaitre-et-mesurer-lopinion-publique-utilite-et-limites-des-sondages

REFERENCES :

  • Balech, S., Benavent, C., & Pechpeyrou, P. de. (2020). From Ratings to Sentiment Analysis: Toward a Better Understanding of Online Reviews? The Airbnb Case.[De la note au sentiment : mieux comprendre les effets des avis en ligne ? Une application à la plateforme Airbnb]. In Post-Print (hal-02440908; Post-Print). HAL. https://ideas.repec.org/p/hal/journl/hal-02440908.html
  • Benavent, C. : Voir http://archives.marketing-trends-congress.com/2020/pages/PDF/041.pdf et https://benavent.fr/
  • Bourdieu, P. (1973). L’opinion publique n’existe pas. Les Temps Modernes. n° 318. p. 1292-1309.
  • Grandey, A. A. (2000). Emotional regulation in the workplace: A new way to conceptualize emotional labor. Journal of Occupational Health Psychology, 5(1), 95–110.
  • Hochschild, A. R. (1983). The Managed Heart: Commercialization of Human Feeling. University of California Press.
  • Jeung, D.-Y., Kim, C., & Chang, S.-J. (2018). Emotional Labor and Burnout: A Review of the Literature. Yonsei Medical Journal, 59(2), 187.

Une innovation “responsable” comment donner du sens dans les organisations ?

#Philosophie

????”La philosophie n’est pas « corporate », c’est avant tout une attitude intrinsèque à l’individu qui ne se préoccupe pas de la sphère professionnelle ou privée, qui ne s’intéresse pas au rendement ou encore à la performance des équipes.

Attaché au désintéressement, le philosophe ne cherche ni le consensus à tout prix, ni l’apaisement sans avoir réglé le problème de fond, ni l’intérêt particulier, car son enjeu est le bien commun” (Xavier Pavie, 2020).

⚙️????Je partage avec Xavier Pavie ce questionnement sur la “pensée” dans les organisations, il faut redonner du sens (bien commun) au collectif pour que les individus y trouvent leur place…

✴️ Aussi, son récent ouvrage, sur une approche critique de l’innovation, nous apporte un angle de vue particulier et phénoménologique, où il en questionne l’essence (voir Husserl par exemple avec l’intuition sensible et l’intuition éidétique).

⚙️ Une innovation “responsable” dans les organisations nécessiterait une analyse détaillée et approfondie des différentes structures et stratégies d’innovation (comme l’engagement du service Public et celles des parties prenantes)…

▶️ Et vous, comment voyez-vous l’innovation aujourd’hui ? ????????

 

REFERENCES :
– de Hoop, E., Pols, A., & Romijn, H. (2016). Limits to responsible innovation. Journal of Responsible Innovation, 3(2), 110–134.
– Gianni, R., Pearson, J., & Reber, B. (Eds.). (2019). Responsible research and innovation: From concepts to practices. Routledge, Taylor & Francis Group.
– Jarmai, K. (Ed.). (2020). Responsible Innovation: Business Opportunities and Strategies for Implementation. Springer Netherlands.
– Pavie, X. (2014). Responsible innovation: From concept to practice. World Scientific.
– Pavie, X. (2020). Philosophie critique de l’innovation et de l’innovateur. ISTE Editions.
Qu’en penses-tu Guillaume ? ????????

l’innovation n’est pas un but ! c’est un moyen pour faire mieux … à mon point de vue, pour que les solutions répondent mieux aux besoins en mobilisant moins de ressources, qu’elle créent plus de valeur(s), ce qui permet une meilleure satisfaction des parties prenantes qui d’une part portent les besoins et d’autres part contribuent à la solution en particulier, notre époque a (re)pris conscience des parties prenantes que sont 1° l’environnement naturel, qui fournit tant de choses pour répondre à nos besoin humains et qu’on oublie trop souvent de remettre en état sans parler de l’améliorer, et 2° la ‘société’ c-à-d les autres humains concernés moins directement ou plus tard bel objectif d’innovation que d’améliorer les solutions pour qu’elles apportent plus à l’environnement naturel et humain !

Merci ???? Olaf pour ce message et je partage aussi cet avis. C’est pour cela que l’innovation se doit de devenir responsable et durable, comme pour les Communs (comme chez Ostrom) qui sont limités et doivent être soumis à des règles d’appropriation. ✴️–> Trois dimensions contextuelles d’une innovation responsable (Pavie et al., 2014) : l’environnement et l’écosystème, la technologie et la politique, le vivant et ses avatars. ????Comme tu le précises justement, l’innovation est un moyen, un processus de gestion, la mise en œuvre réussie d’idées nouvelles et créatrices au sein d’une organisation : ▶️ “L’innovation est la gestion de toutes les activités impliquées dans le processus de génération d’idées, de développement technologique, de fabrication et de commercialisation d’un produit ou d’un processus de fabrication ou d’un équipement nouveau (ou amélioré).” (Trott, P. [2017]. Innovation management and new product development [Sixth Edition]. Pearson. p. 16).

Merci David HAMPTON-MUSSEAU pour toutes ces sources solides. L’innovation est indissociable de l’intelligence collective, je pense? À mes yeux, elle a lieu dès qu’une invention (une belle idée) rencontre la réalité du marché. L’inventeur doit se remettre au travail et il ou elle n’est plus tout seul. S’il ou elle s’abreuve aux bonnes sources, son aventure humaine prend corps puis grandit.

Merci ???? … Romain Habig … pour ton message et il apparaît désormais que plus encore que l’innovation, c’est la soutenabilité (sustainibility), les caractères socio-éco-environnementaux dans un souci du bien commun qui s’impose pour cette innovation… C’est là que la Philosophie, en tout cas la pensée critique hashtagCriticalThinking tient toute sa place dans les organisations et notre société ????????

Anders et le “supraliminaire”, ce qui ne peut être perçu parce que trop grand…????????

#CriticalThinking

???????? La pensée riche de Günther Anders…
Je vous invite donc à découvrir cette rencontre récente d’un jeune intellectuel de 99 ans… avec un autre débutant de 82 ans…
Edgar Morin et Pierre Rabhi, nous invitent à une approche par la “pensée complexe”, qui n’a rien de “compliquée”, puisqu’elle incite à établir et rétablir “le lien entre les choses”.
Pour se questionner sur la “modernité” et libérer les potentiels de l’Eros ;)????

▶️✴️ Oui lire ou relire Günther Anders (dont L’Obsolescence de l’homme, 1956, 1980) cela réveille plutôt bien notre esprit critique ????????

???? Internet « en soi » n’est pas questionné dans l’article d’Usbek & Rika (voir lien en commentaire) mais « la honte prométhéenne », un certain progrès inutile et même mortifère… un transhumanisme de fuite pour quelques élites richissimes ????

#PenseeComplexe #Surliminal

???? Jean-Louis Le Moigne (spécialiste de la pensée systémiques et d’une approche constructiviste) proposait son « triangle d’or épistémologique PSM » ainsi : Jean Piaget, Herbert Simon et Edgar Morin ⚙️

Voir l’article sur Gunther Anders dans Usbek & Rika : https://usbeketrica.com/fr/article/pourquoi-il-faut-re-lire-l-obsolescence-de-l-homme-de-gunther-anders 

Anders… formidable penseur qui développa son concept de “supraliminaire” (Anders, 1956, 291-293; entendu comme ce qui ne peut être perçu parce que trop grand) nous éclaire ici encore… ????????

– Anders, G. (2002). L’obsolescene de l’homme: Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle (1956).

– Mengard, F. (2019). La notion de « supraliminaire » chez Günther Anders: Comment penser le déclin et la renaissance de Prométhée à l’ère technologique ? In H. Machinal & E. Després (Eds.), PostHumains: Frontières, évolutions, hybridités (pp. 119–136). Presses universitaires de Rennes. http://books.openedition.org/pur/52513

????⚙️ Rappelons-nous aussi en des moments tragiques et graves, un certain sens de “la peur” dans l’Histoire…

« This is preeminently the time to speak the truth, the whole truth, frankly and boldly. Nor need we shrink from honestly facing conditions in our country today. This great Nation will endure as it has endured, will revive and will prosper. So, first of all, let me assert my firm belief that the only thing we have to fear is fear itself—nameless, unreasoning, unjustified terror which paralyzes needed efforts to convert retreat into advance. » From Franklin D. Roosevelt, Inaugural Address, March 4, 1933, as published in Samuel Rosenman, ed., The Public Papers of Franklin D. Roosevelt, Volume Two: The Year of Crisis, 1933 (New York: Random House, 1938), 11–16.

« C’est éminemment le moment de dire la vérité, toute la vérité, franchement et hardiment. Nous ne devons pas non plus nous abstenir de regarder honnêtement en face les conditions de notre pays aujourd’hui. Cette grande nation résistera comme elle a résisté, se ravivera et prospérera. Alors, tout d’abord, permettez-moi d’affirmer ma ferme conviction que la seule chose que nous ayons à craindre est la peur elle-même – une terreur sans nom, déraisonnable, injustifiée qui paralyse les efforts nécessaires pour convertir le recul en avance »

Climato-sceptiques, quelles sont leurs motivations ?

#TimeToChange

✴️ Le climato-scepticisme relève d’une seule motivation qui est de refuser le problème…????

▶️ Parce que ces gens ont bien conscience que la solution sera contraignante, ou que de refuser le problème pourrait en soi apporter des avantages…????????

▶️ Toutes ces personnes résistent à toute avancée scientifique puisque leur motivation n’a rien à voir avec la science ????

“La Terre se sera réchauffée de 4 degrés que tous ces climato-sceptiques existeront toujours” (Jancovici, 2020).

???? “Donc penser qu’on va convaincre un climato-sceptique en le battant sur le terrain scientifique c’est se tromper de combat”.
Il vous trouvera autre chose encore, et encore et encore…

Quelle est votre idée pour y arriver ?⏱

Time to change
Time to change – Image © NAWAK – Licence : Tous droits réservés

 

Jeudi 10 septembre 2020, Ground Control a reçu l’équipe de The Shift Project pour discuter ensemble du Plan de transformation de l’économie française (PTEF). Ce plan propose des mesures concrètes permettant de réduire nos émissions de gaz à effet de serre mais aussi de faire face aux chocs à venir dans une vingtaine de secteurs. Au cours de cette soirée, trois secteurs spécifiques et nécessaires dans la transformation vers une société décarbonée et résiliente ont été abordés. Partie 1/5 : Intervention de Jean-Marc Jancovici, autour de “La double contrainte carbone : comprendre la problématique climat-énergie”????
Voir 30 minutes de Questions / Réponses très instructives chez Ground Control